On parle trop peu du logement comme lieu de vie
MAIS on ne parle JAMAIS ou TROP PEU du logement en tant qu’habitat, de lieu de vie, lieu de plaisir, lieu de développement. On ne parle jamais du logement comme lieu pour panser ses peines de la vie d’avant, comme cocon pour repenser sa vie de maintenant dans une nouvelle ville, en Espagne.
On ne parle jamais de l’habitat comme lieu qui a déjà intégré les vibrations bonnes ou mauvaises des habitants précédents, celles qu’on quitte et qu’on ne veut pas retrouver, celles auxquelles on aspire.
Par souci d’efficacité car les annonces disparaissent en quelques heures, que c’est la course contre la montre de chercher ET trouver la perle rare, qu’il faut que le dossier locatif “ne coince pas”, on n’aborde pas la question existentielle du prochain lieu de vie. Parfois si, quand on sent que la cliente ou le client est prêt à le partager et que nous ressentons qu’il y a des projections fortes sur l’endroit où doit s’écrire le prochain chapître de vie est à écrire mais cet échange sincère est très rare!
Par pudeur, et pour ne pas être intrusives, parce que nous sommes dans le cadre d’une prestation de service – et non d’un accompagnement psychologique – Il s’agit aussi de nous protéger, nous, en tant que prestataires : nous n’entrons pas dans les détails intimes du parcours de vie de nos clients, ni dans celui de leur famille et nous nous
lançons dans la recherche de logement avec ses critères rassurants.
Intuitions, critères et réalités de la recherche
Aussi, on part avec nos ressentis, nos intuitions fortes, notre présomption sur le fonctionnement du couple ou de la famille (“celui qui était moins motivé pour habiter à Barcelona”), les frustrations de chacun (“madame qui a lâché son travail à Paris pour suivre son mari et s’occuper des marmots à plein temps”), les envies (“reprendre à zéro un parcours de vie un peu chahuté”) et on essaie de “faire coller” avec les propositions des agences, les opportunités “off market”.
Au-delà d’un toit : trouver son point d’ancrage
Mais le truc central c’est la maison ou l’appartement, le logement. En espagnol, on parle de “vivienda” et j’aime bien car cela remet le lieu de vie au centre de sa fonction. En français, le terme “logement” s’attache plus à l’aspect fonctionnel : “se loger” avec la fameuse équation : quartier/nombre de m2/budget.
Que vous soyez clients ou pas, que vous allez confier votre recherche de logement à une agence de relocation, peu importe … Trouver un toit, de manière basique, c’est trouver un endroit pour dormir, manger et se protéger des intempéries, mettre en sécurité ses biens.
Mais si on creuse un peu, c’est trouver son point d’ancrage. C’est là que l’on pose ses valises, mais aussi ses émotions, ses habitudes et ses projets.
Que l’on cherche une chambre en colocation, un logement basique et fonctionnel ou encore un appartement en atico avec terrasse avec vue sur la mer, notre/votre lieu de vie va être un socle, rendre vivant, fournir l’énergie pour avancer !
Notre lieu de vie doit autoriser le sentiment de sécurité : on doit se sentir suffisamment à l’aise pour pouvoir lâcher la vigilance de l’extérieur. C’est le lieu qui va abriter notre/votre vie en intimité !
Una “vivienda” c’est un lieu où l’on se sent bien, où l’on respire peu importe le standing et si la cuisine est ouverte avec des rangements et une hotte 🙂
Trouver une vivienda, ce n’est pas seulement aligner des critères : surface, lumière, quartier. C’est sentir si le lieu respire… s’il a envie d’accueillir. Le truc chouette et un peu mystique quand on visite avec sensibilité une multitude de logements, c’est qu’on arrive à rencontrer des lieux avec ce magnétisme qui donne envie d’y rester.
Ce n’est pas forcément les plus belles demeures avec les plus belles vues qui peuvent vous faire ressentir cette vibration haute. Cela peut être aussi bien des appartements modestes et imparfaits. Je n’irai pas jusqu’à dire qu’on est tous égaux devant la bonne énergie d’une vivienda car évidemment les logements à partir d’un certain budget vibrent mieux que des taudis dans des quartiers maudits ! Ce qui est sûr : l’âme d’un lieu ne se mesure pas en
mètres carrés, ni en nombre de fenêtres orientées plein sud.
Une vivienda c’est l’énergie qu’on va y apporter mais également les énergies passées de ceux qui l’ont habité, de leurs rires, de leurs habitudes ainsi que les énergies extérieures du voisinage, des ondes electro-magnétiques – biologiques (cours d’eau, …) ou technologiques (antennes relais, …).
Personnellement, je suis fascinée par la mémoire invisible des murs d’une vivienda : il garde un peu de ceux qui l’ont habité, de leurs rires, de leurs habitudes, de leur façon de vivre l’espace.
C’est là aussi où la recherche de logement relève de l’indicible : l’appartement est impeccable sur les photos, ils cochent les cases… et pourtant, quand on y entre, quelque chose ne passe pas et on sent qu’il va difficilement se passer quelque chose. Cela arrive de ressortir de la visite et avoir cette impression qu’ici, la vie ne pourra s’épanouir, que l’endroit a vécu quelque chose de trop lourd… (en tout cas pas tout de suite et pas sans un
bon nettoyage énergétique !)
Et le jour où l’on franchit la porte d’une vivienda et que l’on se surprend à sourire, sans raison précise… c’est souvent le signe que l’énergie a trouvé son accord avec l’énergie de notre sujet de recherche.
Quand on cherche un chez-soi pour “un client”, on ne choisit pas seulement des murs et un toit : on choisit une onde, une atmosphère, une façon d’être porté par le lieu.
Qu’est-ce qu’une bonne vivienda ?
Qu’est ce qu’une bonne vivienda ? Y a-t-il de bonne vivienda ? Pour moi, c’est un espace de vie et de travail où je pourrais voir s’épanouir des plantes. D’ailleurs à chaque visite même pour des clients qui ne m’ont absolument pas parlé de verdures, j’ai ce réflexe d’imaginer l’endroit où il ferait bon vivre pour une plante. Même dans un contexte sombre, où avec un aménagement pas optimisé, on peut adopter et élever des plantes et se sentir chez soi !
Pour d’autres, ce sera là où ils ont le déclic, et ils ont envie de jouer de la guitare, là où ils ont envie de faire de la cuisine, voir leurs enfants jouer, …
Ce qui est chouette, c’est qu’il n’y a pas de recette et que rien n’est figé dans le temps et dans l’espace. Un mauvaise espace de vie pour une famille pourra être plus adaptée pour une autre quelques temps plus tard !
Conclusion : choisir plus que des murs
La clé c’est un endroit qui, dès qu’on franchit la porte, nous dit silencieusement : « Tu es chez toi. »
Pour les expatriés que nous accompagnons, c’est souvent le plus grand défi : c’est lâcher le timing, l’aspect statutaire ou pratique et reconnaître ce sentiment, ce déclic, au milieu d’une recherche.
Parce qu’au fond, on ne choisit pas seulement un piso ou una casa, on choisit l’endroit où l’on vivra ses routines, ses fêtes, ses coups de blues, ses dimanches matin au ralenti.
Et ça, aucun algorithme de recherche ou aucun outil IA ne peut le deviner à notre place.